Syndicat des orthophonistes du département 06

Recherche: la professeure tourangelle de pédopsychiatrie Catherine Barthélémy doit recevoir jeudi le prix de l’Inserm

Elle prône des soins précoces pour changer le destin des enfants autistes: le regard toujours vif à l’âge de 70 ans, la professeure tourangelle de pédopsychiatrie Catherine Barthélémy doit recevoir jeudi le prix de l’Inserm couronnant 40 ans de recherche.

« C’est formidable ! C’est une triple reconnaissance : d’une équipe (de l’université de Tours, NDLR) où tout le monde est pleinement impliqué, de l’infirmière au chercheur en passant par l’orthophoniste; (de ce) que l’autisme n’est pas une maladie honteuse, qu’elle mérite la recherche; du combat des parents pour qu’on fasse de la recherche », insiste la scientifique.

« J’ai consacré ma vie à ça, et je continue », explique Mme Barthélémy en exposant avec simplicité : « vous savez, c’est un engagement social. Je suis médecin… Je veux guérir, aider les gens ».

« Il faut former les médecins pour qu’ils identifient le plus précocement possible les petits signes cliniques, neurologiques ou morphologiques chez les enfants », insiste Mme Barthélémy.

Car, et c’est l’une de ses plus importantes découvertes, pris précocement, « vers 18 mois, deux ans », un enfant autiste peut voir changer le cours de sa vie, pour peu qu’il bénéficie d’un traitement adapté. A Tours, on parle de « thérapie d’échange et de développement » : « grâce à des jeux, on refera avec l’enfant tout le cheminement du développement du cerveau ».

Catherine Barthélémy se souvient de l’époque, pas si lointaine, dans les années 1980, où elle se faisait huer dans les congrès de spécialistes car elle osait dire que les enfants autistes n’étaient pas victimes du comportement de leur mère, qu’ils ne souffraient pas d’une maladie aux origines psychologiques, mais de troubles du développement de leur cerveau.

– Causes « multifactorielles » –

Aujourd’hui, elle décrit un trouble du comportement affectant la relation à l’autre et dont les conditions d’apparition, au delà de la prédisposition neurologique, sont « multifactorielles ».

Elle cite ainsi l’exposition de la mère au médicament anti-épileptique Dépakine au cours de la grossesse comme l’un des facteurs pouvant favoriser le « déclenchement » de l’autisme chez l’enfant. Elle soupçonne d’autres circonstances pouvant aussi participer à l’apparition de la maladie… Mais le champ de recherche n’est pas clos.

Le spectre des patients affectés est très large, allant du surdoué au cas extrême de déficience intellectuelle : « Au moins 1% de la population française, tous âges confondus, présente des troubles autistiques », explique Mme Barthélémy. Dans ses formes les plus légères il peut s’agir peut-être de personnes « perçues seulement comme égoïstes, maniaques, indifférentes aux autres… Mais ce n’est pas une option pour elles : elles n’ont pas le choix », insiste la scientifique.

« Hormis les troubles des relations à l’autre, les comportements répétitifs et obsessionnels et l’extrême sensibilité au moindre changement dans leur environnement qui peut prendre pour eux des dimensions cataclysmiques, toutes les autres fonctions sont préservées », assure la pédopsychiatre, qui insiste encore sur l’importance du dépistage précoce.

« On a des cas d’enfants atteints d’autisme sévère et qui aujourd’hui ont passé le bac », souligne Mme Barthélémy. « Bien sûr, ce n’est pas le cas de tous, mais on améliore de toute façon leur qualité de vie en leur permettant d’accéder à la confiance, à l’échange, à la complicité et à la relation avec l’autre », insiste la scientifique.

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